« C’est un parti pris qui est le mien de travailler, à la suite de nombreux autres, à la vulgarisation de notre histoire, sur notre patrimoine historique. Nous disposons d’une histoire riche et belle de ces personnages illustres et héroïques, qui ont tracé les chemins sur lesquels nous marchons fièrement aujourd’hui ».
Tandis que la ville de Paris honore la Mulâtresse Solitude, opposante guadeloupéenne au rétablissement de l’Esclavage en 1802, Chantal Clem, présidente- fondatrice de l’association Figures de femmes totem des Outre-mer, met en lumière Lumina Sophie, résistante de l’île sœur, la Martinique, contre le rétablissement de l’ordre colonial, à l’aube de la Troisième République. Solitude, devenue un « symbole de la résistance de toutes les femmes à l’esclavage, célébrée par des monuments, des noms de lieux, par un timbre commémoratif » émis le 16 mai 2022 (Paris.fr), ouvre la voie à Lumina. Plus de figures de femmes totem il y aura, plus riche sera une histoire qui reste à partager.
« Elle dit quelque chose de fort de notre histoire, de nécessaire pour notre conscience collective et d’essentiel pour notre marche en avant au sein de la République ».
Il est regrettable que notre histoire, pour de multiples raisons, soit encore largement méconnue, qu’elle reste enferrée dans les crispations de l’assumer. Il me paraît capital que cette histoire ne soit plus enfermée dans des temps sombres et douloureux, bien qu’ils le furent, mais que transfigurent des icônes lumineuses dont aujourd’hui tous, nous pouvons nous réclamer. L’érection de la statue de Solitude est ce rayonnement indispensable dans une France plurielle, bien plus complexe qu’elle veut bien l’admettre, ce qui, d’ailleurs, en fait toute la beauté, dans une unité respectant la diversité. L’événement déclencheur fut pour moi l’ancêtre Solitude, l’ouvrage de Simone et André Schwarz-Bart. C’est une œuvre fondatrice.
Précisément, Lumina Sophie.
J’ai découvert son histoire tragique avec le livre-ressource d’un grand historien, Gilbert PAGO, qui fut, par ailleurs, mon directeur de recherche. J’ai été troublée par cette histoire, parce qu’elle concerne un événement qui s’est déroulé dans ma commune d’enfance, Rivière-Pilote. Je fus encore plus troublée que ma famille était en grande méconnaissance de cette histoire, comme si il fallait y mettre un silence. Cette ambiguïté attisa ma curiosité. Elle motiva mon désir d’en savoir plus et bien plus, de prendre possession de ce personnage. C’est ce que j’ai fait, en raison des enjeux et de la portée – méconnue – de l’insurrection du Sud de la Martinique, dont elle fut, bien malgré elle, une héroïne puis une icône après sa mort tragique. Personne ne sait que le combat de cette femme a préfiguré celui mené pour la liberté, lors de la Commune de Paris (1871), où se retrouve son alter égo, Louise Michel.
« Un rayonnement indispensable dans une France plurielle, bien plus complexe qu’elle veut l’admettre ce qui, d’ailleurs, en fait toute la beauté, dans une unité respectant la diversité ».
Pourquoi elle enfin ? Parce qu’elle dit quelque chose de fort de notre histoire, de nécessaire pour notre conscience collective, d’essentiel pour notre marche en avant au sein de la République. Liberté, Égalité, pour tous. Elle est devenue une héroïne pour avoir embrassé, jusque dans la mort, cette cause et cette promesse faite par l’Abolition de l’Esclavage en premier lieu puis, en second lieu, par la Proclamation de la Troisième République. Son incarnation est moderne et actuelle. Elle est une icône qui mérite d’être réhabilitée, reconnue, de reprendre toute sa place dans l’histoire.
« J’aurai la chance d’être en tournée dédicace en Martinique et en Guadeloupe, du 23 juin au 2 juillet 2022 » .
Publié par Dominique sur le site CAPITAINEs,
Le 27 mai 2022.
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